La centrale nucléaire

J’ai des idées noires. Je viens de songer, peut-être pour la seconde fois de ma vie, au bienfait que me procurerait le fait de disparaître de cette planète. De ne plus rien ressentir, plus jamais, car cette purée de sentiments est destructrice et je me sens comme dans une impasse.

Pourtant je pensais tout bien faire. Je suis allée consulter une psy, et je pensais que mes problèmes se réglaient. Mais aujourd’hui, même une aide médicale me semble être une impasse. J’ai l’impression que je ne sortirai jamais de cet enfer de mes émotions qui s’entrechoquent, se percutent et vont créer d’autres émotions, qui à leur tout s’entrechoqueront, … J’ai en moi la capacité d’une centrale nucléaire, mais mes murs de béton se fissurent dangereusement, et je suis sur le point d’exploser. Je suis fatiguée de la vie, je suis fatiguée de moi-même, je me déteste, je me hais de ne pas réussir à faire face, de ne pas être capable de mettre de l’ordre là-dedans. Mais je n’ai plus le goût, je n’ai plus la motivation, je n’ai plus de carburant dans mon coeur et dans mon corps. Je suis fatiguée.

En fait, je n’en peux plus de cette merde sentimentale. D’en être réduite à ça, parce que W. m’a détruite. Je n’en peux plus d’être en demande, d’être incertaine, de douter, de ne plus espérer, de trop espérer, d’attendre. Je vis un enfer. Je me créé des hallucinations auditives, persuadée que si j’entends la sonnerie de mon téléphone, alors il sonnera par la force des choses. Je n’en peux plus de ces désillusions, de ces silences, de cette place si peu importante que je semble prendre auprès des gens. Je ne vaux même pas assez pour qu’on s’intéresse à moi. Même ma propre mère me tourne le dos et se délecte de la peine et de la revanche qu’elle prend sur moi.

Je n’ai plus envie de continuer.