Détails

J'ai réalisé que la qualité d'un livre vient des détails qui l'enrichissent, qui en montrent la profondeur et l'esprit de recherche. Les détails prouvent que l'écrivain ne prend pas ses futurs lecteurs pour des imbéciles, qu'il ne veut pas le rouler dans la farine. Les détails sont le "produit local" tandis que l'absence de détails est le "made in China" de l'ouvrage: qualité médiocre, produit à obsolescence programmée, etc. Des G. Musso, des S. Meyer et autres nouveaux "écrivains" (vous noterez que: 1. je n'ai pas cité Levy car dans certains de ses bouquins il y a une mini recherche de détails, genre "fait preuve d'efforts" sur le bulletin de cinquième 2. oui, j'ai lu Musso, Meyer, Levy et d'autres néo-écrivaillons parce que on ne peut pas juger sans savoir, parce que j'étais dans un moment de ma vie, parce que feel-good et pas prise de tête book, parce que parce que parce que ...), il en pleut tous les jours. C'est facile de prendre son ordinateur ou un crayon et d'écrire sous le coup de l'émotion et de l'inspiration. Mais ça, ça devrait plutôt rester congédié au billet de blog, et pas être vendu par millions pour enrichir l'inculture de l'esprit des masses. Des Jean Anglade, des Jules Verne, sont autant de jardiniers qui plantent des fleurs et des paysages dans les cerveaux des gens, et pourtant, qui peut se targuer d'annoncer avec fierté qu'il ou elle a lu ces poètes sur la plage ? Qu'il en a toujours un exemplaire dans le sac ou dans la poche (parce que oui, Anglade et Verne se font aussi en format de poche pour votre information !) ?  Qui serait capable de citer un passage de ceux-là qui l'a marqué, de dire quel volume est son préféré ?

Le dégoulinement de phrases sujet-verbe-complément, de phrases qui commencent par "parce que" (y en a même un qui en a fait un titre me semble-t-il), de trois mots-point, trois mots-points, de sentiments écœurants par tant d'incompatibilité avec la réalité sont aujourd'hui ce qui paraît être, pour les masses, le gage de qualité de ces livres. Mais je ne suis pas d'accord.

Plantez des graines de détails dans les têtes, faites fleurir l'histoire, vivre les personnages. Ajoutez des moustaches, des histoires de bouées, des noms avec des sens à chaque endroit, chaque devanture de magasin et chaque protagoniste. Enrichissez le répertoire des synonymes au lieu de répéter toujours les mêmes pronoms personnels. Créez des commodes avec des tiroirs, et des tiroirs dans les tiroirs, et même des compartiments secrets dans les tiroirs. Bref, faites vivre le livre, donnez lui des petites jambes pour qu'il court pour toujours dans les esprits !